Il y a 10 ans, tout a commencé. Je venais de décrocher mon diplôme en français et je me retrouvais chez ma meilleure amie avec des amis pour célébrer la fin de l’année scolaire. C’était en juin, et nous avions prévu une après-midi piscine pour marquer le coup.
Depuis mon enfance, j’ai toujours eu une grande affection pour les chiens. J’ai d’ailleurs un sacré BackGround : quand j’avais 12 ans, au Gabon, je me suis retrouvée en suspicion de rage à cause des chiens et chiots avec lesquels je jouais. Par un miracle, le vétérinaire du Gabon a réussi à contacter mes parents en Afrique du Sud, où nous étions en voyage, pour leur annoncer que les chiots avec lesquels j’avais joué étaient décédés de la rage. J’étais donc exposée à un grave danger. Nous ne pouvions pas obtenir le traitement sur place, alors nous avons dû attendre 48 heures jusqu’à notre retour au Gabon pour que je puisse recevoir les 7 injections nécessaires. Heureusement, je n’ai développé aucun symptôme de la maladie, sinon je ne serais plus de ce monde ! Mais bon, ça ne m’a pas empêché de repartir jouer dans la rue avec les chiens le lendemain ! Ahah
Pour en revenir à mon accident, je me suis dirigée vers le chien de ma meilleure amie qui dormait, sans vraiment me poser de questions. Le chien m’a alors mordu au visage, en particulier la lèvre supérieure droite. Je ne me souviens pas exactement de tous les détails, car j’ai également été mordue à l’avant-bras. Mon cerveau a tout simplement mis le mode « OFF » pendant cet incident. Je suis passée en mode survie, et mes amis étaient choqués car la scène était assez violente. L’un de mes meilleurs amis est resté à mes côtés avec un sang-froid remarquable. Sans lui, j’aurais probablement pris ma voiture, défigurée, pour me rendre à l’hôpital ! ^^
Le père de ma meilleure amie, qui est pompier dans notre région, m’a littéralement sauvé le visage. Il a insisté pour que je sois immédiatement transférée à l’hôpital Pellegrin de Bordeaux plutôt que d’être opérée sur place. J’ai rapidement été prise en charge aux urgences, où l’on m’a recousu le nez. La bouche ne pouvait pas être touchée, j’ai donc dû attendre trois jours pour éviter tout risque d’infection. Je crois que la procédure est toujours la même aujourd’hui pour les morsures de chiens. J’ai donc passé trois jours avec un visage déformé, des journées longues et stressantes. Je ne me regardais pas, et de toute façon, j’étais recouverte de pansements.
Mon chirurgien venait me voir régulièrement, et je sentais que mon cas était pris très au sérieux. L’équipe médicale faisait de son mieux pour moi. Cependant, j’ai appris que le bout de ma lèvre qui avait été mordu ne pouvait pas être utilisé, alors ils ont décidé de « joindre » les deux parties de ma lèvre, entraînant une déviation et une diminution permanente de ma bouche. L’accident a eu lieu un vendredi, et j’ai été opérée le lundi matin, subissant une chirurgie reconstructrice sous anesthésie générale.
Quand je me suis réveillée en salle de réveil, tout ce que je voulais, c’était voir mon visage. Cela semblait fou pour l’infirmière, alors je n’ai pas eu de miroir sur-le-champ. Je l’ai découvert dans un ascenseur, lorsque le brancardier m’a ramenée dans ma chambre. Je n’oublierai jamais ce moment. Nous étions aussi avec un autre patient. Quand j’ai vu le miroir dans l’ascenseur, j’ai mobilisé toutes les forces qui me restaient pour me regarder. C’était à la fois un moment de joie immense et de grande surprise. Je n’arrêtais pas de dire aux gens présents : « Regardez, c’est réussi ! » Mais ils ne semblaient pas du même avis. Après tout, j’étais rouge, enflée, déformée, etc.
Après l’opération, j’ai été hospitalisée pendant environ une semaine. Honnêtement, je n’ai pas vraiment souffert autant que l’on aurait pu le penser. Cependant, la partie la plus douloureuse a été la kinésithérapie sur la cicatrice et l’élasticité, nécessaire pendant un an. C’était une douleur intense, et je devais m’y rendre deux fois par semaine, ce qui était horrible. Mais encore une fois, sans cela, l’opération n’aurait pas suffi.
Je tiens donc à remercier chaleureusement l’équipe médicale qui était présente ce jour-là, ainsi que ma kinésithérapeute. C’est grâce à vous que j’ai pu retrouver mon sourire !
À ma sortie de l’hôpital, j’ai eu quelques appréhensions vis-à-vis des chiens, mais cela n’a duré que deux semaines environ. J’ai ressenti le besoin de comprendre pourquoi cela s’était produit. Cependant, à l’époque, il y a dix ans, la notion de dominance dans la relation homme-chien prévalait, et je n’avais pas nécessairement les bonnes personnes à qui parler. Aujourd’hui, grâce à Roxie et à mon désir constant d’apprendre sur le comportement canin, je peux mieux expliquer le pourquoi et le comment.
J’ai découvert la série « One Piece » grâce à Netflix, et je suis tombée amoureuse des personnages et de leurs cicatrices, physiques et émotionnelles. La morale de l’histoire et la beauté de ces cicatrices, à travers les leçons qu’elles nous enseignent, m’ont profondément touchée.
Aujourd’hui, je vis avec ma cicatrice, elle fait partie de moi et de mon histoire.