NOVO, UN ROYAL BOURBON
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Qui es-tu ? (Prénom, âge, ville d’habitation, et activité)
« Je m’appelle Magali, j’ai 36 ans, j’habite à Haux en Gironde, et je suis naturaliste (mon métier c’est d’étudier les chauves-souris, entre autres). »
Parle-nous de ton chien (Nom, âge, sexe et race)
« Je partage ma vie avec Novo, un petit Royal Bourbon d’une dizaine de kilos adopté en 2021, via une association qui rapatrie des chiens en provenance de l’île de la Réunion. Selon l’estimation du vétérinaire, Novo serait né en mars 2020, il aurait donc 3 ans et demi actuellement. Trouvé dans la rue à l’âge d’un an et demi environ, son passé est inconnu.
On ne parle pas de race à proprement parlé, le terme Royal Bourbon correspond à l’appellation des chiens (aux origines diverses) vivant sur l’île de la Réunion. La variabilité physique est donc très importante, que ce soit en termes de taille, de poids, de pelage, etc. »
Compte Instagram : Le monde de Novo
Pourquoi as-tu choisi cette race ?
« Le pur hasard ! Depuis aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu partager ma vie avec un chien. À ce moment-là de ma vie, j’avais pour projet d’en adopter un, et je ne cherchais pas de caractéristiques spécifiques en lien avec une race. Une amie m’a parlé d’associations qui s’occupaient de faire adopter des Royal Bourbons. Leur histoire m’a touché, ça a fait résonner quelques chose en moi, alors c’est vers ce choix que je me suis tournée. Evidemment, j’ai fondu d’amour sur leurs grandes oreilles ! Après des mois de réflexion à éplucher leurs réseaux sociaux, leur site internet, à lire et relire le processus d’adoption, j’ai fini par déposer mon dossier … Le lendemain, Novo (c’était déjà son nom) était mis à l’adoption et c’est là que nos chemins se sont croisés. »
Décris-nous ton chien (personnalité, qualités, ce que tu travailles avec lui, etc.)
« Olalala, il y a tellement à dire ! Novo est un grand sensible dynamique, rempli d’émotions dont il ne sait pas toujours quoi faire, qui communique beaucoup (en grognant, en râlant, en couinant, en aboyant, etc.), qui vit à cent à l’heure dehors et se love dans les plaids dedans. D’une nature assez impatiente, la frustration est son ennemi ! Il peut mettre du temps à faire confiance, mais quand il vous aime, son cœur est sans limite. Les qualités qui le représentent le mieux sont la détermination, la résilience, la perspicacité, l’entrain et bien évidemment la gourmandise ! Oui, pour Novo les besoins élémentaires (nourriture, eau, sécurité) sont vraiment ses piliers dans la vie, et il peut les protéger vis-à-vis des autres chiens qui n’écouteraient pas suffisamment ses signaux.
Il est arrivé dans ma vie avec la peur d’absolument tout. Des humains, des chiens, des objets (il grognait sur tout ce qui reflétait son image comme les miroirs, la porte du four, une vitrine, etc.), et cela se manifestait par des grognements, des tremblements, le hérissement de sa crête, un refus d’avancer, des charges sur les humains, etc. Bref, notre début de relation a été difficile, fait de tourbillons émotionnels. J’ai alors contacté une professionnelle bienveillante et compétente, Ka.educk, et nous avons pu mettre en place beaucoup de chose pour apaiser Novo d’une manière générale, lui laisser le temps d’évacuer tous les chamboulements qu’il avait vécu dans sa vie et espérer obtenir une relation de confiance entre nous. Cette étape a pris plusieurs (très) longs mois. Ensuite, en réalisant des aménagements dans notre quotidien, en s’adaptant à lui, il a fallu travailler sur ses difficultés à rester seul, son focus sur moi (coucou les copains chasseurs pisteurs !) et sur les manipulations en générale (oui parce qu’en plus, on a été traumatisé par une visite vétérinaire qui n’a rien arrangé). Il a fait beaucoup de progrès sur l’ensemble de ces thématiques.
Mais c’est surtout moi qui ai dû travailler : comprendre qui était Novo, faire fi du regard des autres, se remettre en question, changer mes habitudes, être aidante et cohérente pour lui etc. Aujourd’hui je pense qu’après 2 ans de travail, on a trouvé l’équilibre qui nous convient à tous les deux. On travaille beaucoup les soins coopératifs, les notions de porte de sortie et de libre choix, et vraiment ça nous a beaucoup aidé dans notre relation, ça a débloqué pas mal de situations du quotidien. »
Penses-tu que ces traits sont liés à la race ou à sa personnalité ?
« Il n’existe pas de standard pour les Royal Bourbon puisqu’ils ne sont pas une race à proprement parlé. Ils ne sont pas sélectionnés en tant que tel ; nés d’une multitude de croisements, avec une grande variabilité. Cela dit, pour beaucoup d’entre eux, la vie semble plutôt difficile (manque de nourriture, violence humaine et congénère, manque de sécurité, maladie, etc.). Après, et heureusement, tous n’en gardent pas des séquelles. Novo a clairement hérité ses traits sensible / anxieux de son début de vie qui sont plutôt liés à son expérience propre : de la vie dans la rue, des humains, des autres chiens, etc. Sa perspicacité, sa qualité d’observation de son environnement, sa facilité à résoudre des problèmes, lui viennent probablement aussi de cette génétique « chien des rues », qui sont des gages de survie, tout comme la méfiance finalement.
En revanche, on peut s’amuser à chercher des points communs avec d’autres races, et concernant Novo je dirais qu’il a hérité de la détermination des terriers, de la vitesse des lévriers, du goût pour la traction des husky et de la voix qui porte des chiens de chasse ! Un savoureux mélange unique. »
Pratiques-tu une activité avec lui ?
« Avec Novo on adore le mantrailing ! Faire fonctionner sa truffe, c’est vraiment ce qu’il préfère. C’est également « sportif » pour l’humain derrière car il faut suivre le rythme, et rester concentré pour avoir la bonne lecture de son co-équipier à 4 pattes. Et en plus de faire plaisir à Novo, ça lui permet de développer sa confiance en lui en prenant des décisions, et ça c’est vraiment chouette, ça nous a beaucoup d’aider pour la vie quotidienne. Nous avons également essayé l’agility. J’adore pratiquer des activités avec Novo, mais il faut qu’on prenne du plaisir tous les deux. Sinon, on fait un peu de randonnée, de roller et j’aimerais beaucoup qu’on se lance dans la détection.
Bref, ce n’est pas parce qu’on est petit et pas racé qu’on ne fait pas d’activité ! »
Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un souhaitant adopter cette race ?
« Plutôt qu’un conseil, ça serait une question à se poser, qui est valable je pense pour tous les chiens : serais-je capable de changer mes projets de vie pour mon chien ? Modifier ma manière de voyager, changer d’environnement, etc.
Pour l’adoption d’un Royal bourbon en particulier, et au travers du prisme de ma seule expérience, je dirais qu’il ne faut rien de plus ou de moins que pour une autre race / type de chien, ils sont comme les autres. Si ce n’est que dans beaucoup de cas on ne connait pas leur passé, qu’il y a peut-être plus de chance d’avoir un individu un peu plus méfiant / sensible, dû en partie à leur génétique.
Il faudra également prendre en compte l’aspect santé, ce sont généralement des chiens qui ont manqués de soins et qui peuvent parfois avoir quelques soucis par la suite. »
Enfin, raconte-nous une anecdote inoubliable avec ton chien.
« Difficile d’en retenir une ! Je pourrais parler de nos escapades, des beaux paysages et des belles rencontres, de toutes nos premières fois, mais je pense que c’est le jour de son adoption qui me vient en tête en premier.
Je suis allée récupérer Novo en région parisienne, et pour lui éviter un trop long trajet en voiture, j’y suis allée en train, seule. Quand je suis arrivée dans le jardin de sa famille d’accueil, Novo longeait les murs, se planquait sous la voiture, m’aboyait et me grognait dessus et refusait tout contact. Oui, on n’a pas eu le meilleur départ, on était loin du coup de foudre. J’avais prévu le coup, je suis donc restée plusieurs heures avant qu’on reparte ensemble. Et à force de patience (et de friandises of course!), les premiers contacts se sont faits et il a fini par rentré dans sa caisse de transport.
Le trajet en train qui devait être simple et rapide s’est transformé en véritable parcours du combattant (avec le recul, c’était déjà le signe que m’envoyait Novo de ce qu’allait être notre relation). Evidemment, des coupures de lignes nous ont obliger à tester tous les modes de transports possibles : TER, bus, métro, marche à pied, train et voiture. Mais Novo a dormi tout le long du trajet, il a été terriblement courageux. Et je vous passe le poids de la caisse à porter avec Novo dedans (plus de 7kg à l’époque, à bout de bras) … Mais nous sommes arrivés à bon port, ensemble, et quel bonheur !